Gustav NACHTIGAL
Gustav Nachtigal né, le 23 février 1834, dans la ville d’Eichstedt, en Brandebourg (Allemagne). Il étudie la médecine en Prusse. En 1863, médecin militaire dans l’armée prussienne, il sert comme chirurgien dans les garnisons de Tunis et d’Alger. La médecine lui ouvre les portes de l‘exploration, à cette période il participe à plusieurs expéditions sahariennes. Ses qualités d’explorateur sont reconnues et rapportées à Guillaume Ier (Roi de Prusse) qui en 1869 lui confie la direction d’une mission au Bornou. Il s’agit d’apporter de sa part un présent au Sultan de ce petit état musulman indépendant, qui à plusieurs reprises a secouru des ressortissants germaniques en difficulté.
Gustav Nachtigal quitte Tripoli (Libye) et met le cap vers le sud, la Tripolitaine, le Fezzan, le Grand Sud. Il emprunte la route des caravanes commerciales transsahariennes, à travers les immenses plaines sableuses, faisant comme elle étapes dans les oasis et les points d’eau. Très vite, il est confronté à un des aspects les plus tragiques de ce commerce.
"...La traite des esclaves suivait ces différents courants. La traversée du désert durait, suivant les trajets, de soixante-dix à quatre-vingt-dix jours. Outre les dangers créés par les attaques de pillards, les conditions naturelles en faisaient une entreprise fort pénible et dangereuse. Tous y étaient soumis, mais spécialement les esclaves. Ils marchaient à pied alors que leurs maîtres allaient le plus souvent montés. Nus, ils se trouvaient exposés sans protection aux rigueurs des vents de sable et aux fortes variations de température entre le jour et la nuit. Malades, ils étaient abandonnés. Si la caravane venait à manquer d'eau par épuisement de ses réserves ou par obturation des puits, ils étaient sacrifiés les premiers.” Ecrit-il alors qu’il suit au sud du Fezzan, une piste jonchée de cadavres d’enfants.
Djebel Nefousa - Libye
© reza
Il aborde ensuite le Tibesti, superbe massif saharien, qu’il est le premier européen à traverser. Toujours cap au sud, il traverse le Borkou. Enfin, c’est le Bornou où il s’acquitte de sa mission auprès du Sultan Oumar. Résultant de l’éclatement du vieil Empire du Kanem Bornou, sous la poussée d’Ousmane Dan Fodio et sa djihad peul au début du XIXe siècle, le pays tire toujours l’essentiel de ses ressources de la traite avec l’Arabie. Les guerres de conquête et les razzias permettent aux Bornouans de capturer les “infidèles”, en particulier les enfants et les femmes qui ont la réputation d’être excellentes cuisinières et ménagères et sont très demandés sur tous les marchés du Moyen-Orient.
Durant son séjour Nachtigal vit à la mode arabe, il apprend la langue Bornou ce qui facilite son accueil et son intégration. Il reste près de 3 années dans la région de Kouka, la capitale du sultanat situé dans l’actuel Niger. Il en rapporte une documentation, qui complète celle d’Heinrich Barth, essentielle pour comprendre l’histoire du Kanem-Bornou.
Gustav Nachtigal en tenue traditionnelle
Le virus de la découverte est le plus fort, il décide de pousser plus loin son exploration. Du Bornou, il gagne le sultanat de Baguirmi, la province de Kordofan et arrive au Lac Tchad. Une région dont la fertilité contraste avec les territoires traversés jusqu’alors. Il décide de rallier l’Europe par l’Egypte. Traversant l’Ennedi, il prend la direction du Ouaddaï et de Kordofan puis rejoint le Nil dont il suit le cours vers Khartoum et enfin l’Egypte et le Caire.
En Allemagne, il publie le récit de son périple africain. 3 tomes d’un ouvrage qui est le premier à détailler le Sud Saharien.
De son voyage, voici ce qu’en dit Nachtigal lui-même :
Guerriers Haoussa
“Quand je quittais Tripoli, au mois de février 1869, si j’avais eu la moindre idée que mon destin, pourrait me retenir plus de cinq ans dans les régions inconnues de l’Afrique centrale, probablement je n’aurais jamais accepté la mission de Sa Majesté l’empereur d’Allemagne auprès de Cheikh Omar, sultan du Bornou. Cinq, presque six années d’isolement, de fatigues, de dangers et de maladies, c’est plus qu’on n’aime à affronter. Pourtant les difficultés qui s’accumulaient sur ma route et les retards que j’y trouvais continuellement m’imposent une profonde gratitude envers la providence, car ce n’est qu’en se faisant peu à peu à ce monde étrange qu’on apprend à le juger, à s’adapter aux influences pernicieuses du climat, à s’accommoder graduellement au niveau intellectuel de l’entourage, à évaluer les difficultés et les obstacles à leur juste valeur, à les éviter, à les contourner ou à les vaincre.”
En 1882, il est nommé consul général en Tunisie. Malgré une santé chancelante, il devient un pion essentiel de la stratégie de Bismarck pour la constitution d’un Empire colonial Allemand. En 1884 Nachtigal reçoit l’ordre du Chancelier de se rendre à Douala est d’annexer le territoire. Mais en route et presque par hasard, Le consul général va faire mieux en annexant pour le compte du Reich à la barbe des anglais et dans le dos des français le Togo et le Cameroun. Deux territoires indépendants qui pour échapper aux griffes prédatrices des grands colonisateurs franco-britanniques se jettent inconsidérément dans les pattes de fer d’un troisième larron et nouveau venu, l’Allemagne.
L'exploration de Gustav Nachtigal
1869 - 1874
Le Togoland et le Kamerun sont nés, ils resteront allemands jusqu’à la guerre de 14, et seront ensuite administrés par les britanniques et les français sous mandat de la SDN.
Quant à Nachtigal une fois cette dernière mission remplie, après quelques mois à Douala, il s’embarque pour l’Allemagne. Il ne reverra jamais son pays, il meurt à bord du bateau au large du Liberia où il est enterré une première fois avant que son corps soit rapatrié à Douala où il repose définitivement.